La canicule par bouttes
la plupart du temps
il n’y a rien
à dire d’aujourd’hui
quand même tu notes
rue Drouin, des adolescents partagent des Pringles
c’est alors que te reviennent
la plupart du temps
il n’y a rien
à dire d’aujourd’hui
quand même tu notes
rue Drouin, des adolescents partagent des Pringles
c’est alors que te reviennent
à suivre le poète
tu imagines habiter
le trottoir des Amériques
et nunc
tu gis là
dans la marge intérieure
petit fond où vase et vers
se font prendre
loin de la gouttière
*
de bon matin
les petites jumelles
d’en face échangent
un ballon de plage
un premier vendredi d’été
*
tu dis
je traverse la rue
tu penses
j’enjambe le continent
*
scotchée à un poteau
«la révolution a besoin de vous» mais
rue Sherbrooke
le soleil se brise
sur les tuyaux à enfouir
l’inscription RU12
tu penses au poète qui
malgré la pinte
ne sera pas de sitôt
mis en bière
*
au bout de l’impasse
Darling, tu vois les toits gris
Lantic les flèches
de St-Clément
les grues blanches et leurs charges
menant vers l’est
par petits paquets
Point de rencontre à l’édicule, qu’ils ont dit.
L’édicule, curieux toit bétonné. C’est ce qui protège les passants de la vue du Stade, que j’ai appris. Pie-IX s’est dressé devant nous et nous avons redressé le chemin. Heure prévue pour le coucher de soleil : 20h32 selon Météomédia. Ni trop tôt ni trop tard pour stager la déclinaison lumineuse, en capturer les derniers souffles, obtenir une série de moments reproductibles à l’infini. De lourds objectifs pour l’atteinte de formidables clichés.
Une odeur d’herbe fraîchement coupée accompagne ta déambulation le long de la rue Notre-Dame. La femme qui conduit le tracteur, porte grande ouverte, accuse à peine ta présence. Ici, à quelques rues de l’appartement, les bandes d’asphalte et de verdure suffisent à te faire sentir ailleurs – tu veux dire : loin. Il aurait suffit du passage d’une outarde, au moment de fermer les yeux, pour te retrouver une vingtaine d’années plus tôt dans un champ – sur le plate.
Impasse Darling deviens le piéton de ta propre langue1- HECTOR RUIZ
Il nous arrivait d’aller au marché Maisonneuve. On prenait le tramway, puis on revenait à Longueuil… Le poulet ou les gâteaux n’avaient pas le temps de dégeler. Il n’y avait pas de métro à cette époque. On traversait le fleuve en bus ou en tramway. Ce dernier nous laissait devant le marché… (me raconte mon père avant qu’il ne disparaisse lui aussi).
Quel était ce tramway? La ligne 3A (Ste-Catherine), la 5A (Ontario)?
(Crédits photo: Benoit Bordeleau)
O’shagg mon amour
- Graffiti
De plus en plus, le vide t’avale, cher ami; sur tes écorces
disparaissent les signes, plus rien ne s’y lit à présent.
- Claude Paradis
LIMINAIRE
Quelques croquis de gens dans l'autobus faits à Hochelaga la semaine passée.
à la porte bleue des 3607-3609
rue Ontario des paupières closes
se gorgent des rayons du soleil
*
derrière toi une voix chuinte
c'est de même qu'ils ont gagné
comme Al Capone...
avec les taxes pis les impôts
*
sous l’enseigne Sico du Rona
des mains crispées sur des genoux
suivies d’un haut-le-cœur
*
un chien en laisse grelote
sous les mots Commissaire
à l'assermentation
*