rue Ontario
une vieille serre dans ses bras
un détour me regarde
ce sera drôle tu verras
elle déplace le panneau
d’un quart de tour
et s’en va l’air de dire
tu perdras ton prochain
comme toi-même
jusqu’ici
je n’avais jamais envisagé le labyrinthe
comme machine de deuil et d'amour
*
derrière le screen d’une ruelle
tu devines le crachin
du café sur la langue la piqûre
du goudron sur l’émail
le matin et le silence
pour tout le monde
*
la plupart du temps
il n’y a rien
à dire d’aujourd’hui
quand même tu notes
rue Drouin, des adolescents partagent des Pringles
c’est alors que te reviennent
rue Sherbrooke
le soleil se brise
sur les tuyaux à enfouir
l’inscription RU12
tu penses au poète qui
malgré la pinte
ne sera pas de sitôt
mis en bière
*
au bout de l’impasse
Darling, tu vois les toits gris
Lantic les flèches
de St-Clément
les grues blanches et leurs charges
menant vers l’est
par petits paquets
Une odeur d’herbe fraîchement coupée accompagne ta déambulation le long de la rue Notre-Dame. La femme qui conduit le tracteur, porte grande ouverte, accuse à peine ta présence. Ici, à quelques rues de l’appartement, les bandes d’asphalte et de verdure suffisent à te faire sentir ailleurs – tu veux dire : loin. Il aurait suffit du passage d’une outarde, au moment de fermer les yeux, pour te retrouver une vingtaine d’années plus tôt dans un champ – sur le plate.
Suivre ces lignes imaginaires brisées dont parle Bertrand Gervais.
Dans un musement d’esprit, s’aventurer dans les marécages que sont ces jours-ci les parcs Lalancette ou Saint-Aloysius, s’enfoncer dans ces terrains détrempés et ruisselants.
Chercher la piste ou les traces fantasques d’un vieux ruisseau disparu qui ne coule plus qu’en ces temps immémoriaux et dont seuls de vieux plans nous racontent encore la splendeur de ses courbes ou la mémoire de ses méandres.
Le monde est Sharp à Hochelaga.
Il est vraiment Sharp.
Le monde est Sharp comme dans: coupant, acéré, pointu, vif, brutal, intelligent, beau et raffiné, la barbe blanchie par le froid, le visage vachement masculin.
Le monde est vraiment Sharp à Hochelaga.
(Crédits photo: Benoit Bordeleau)
How happy is the
blameless Vestal's lot! The world
forgetting, by the world forgot:
Eternal sunshine of the spotless mind!
Each prayer accepted, and each wish resign'd
- Alexander Pope
Blessed are the forgetful, for they get the better even of their blunders.
- Nietzsche
(Crédits photo: Marc-André Dupaul)
Entre-t-on simplement dans Hochelaga par la porte papillon du métro Préfontaine?
Sur une butte choisie, près de l'édicule. Je suis du regard les mouvements fous des passants qui s'éloignent jusqu'à les perdre de vue. Ils migrent, d'un endroit à l'autre, circulation pressée, en direction de.
Quoi: Poésies déambulatoires spontanées
Où: rues d'Hochelaga
Quand: automne 2014
Comment: logiciel SIRI sur iPhone et Evernote