Déambulation collective du lundi 16 mars 2015

Type d'événement: 
16/03/2015 - 13:30 - 16:30

Le lundi 16 mars prochain, vous êtes cordialement invités à rejoindre Hochelaga imaginaire dans le cadre d'une déambulation collective sur le tracé de l'ancienne voie ferrée! Comme toujours, nous vous prions d'amener votre kit du géopoéticien (à savoir votre matériel de notation, qu'il s'agisse de vos carnets, cahiers de croquis, appareil-photo, magnétophone, etc.).

Voici le plan de l'après-midi:

1. Nous nous rassemblerons à la place Simon-Valois à 13h30 et suivrons en zigzaguant et en sous-groupes le long de l'ancien chemin de fer (dont il ne persiste parfois que des traces).

2. Arrêt sur la rue Sainte-Catherine, au-dessus des rails du Canadien Pacifique, entre les rues Omer Ravary et Bercy.

3. Remontée vers la rue Ontario. Nous nous retrouverons vers 15h30 à la pâtisserie polonaise Wawel, sise au 2543 rue Ontario Est (à un jet de pierre de la station de métro Frontenac).

Vous pourrez consulter la carte en pièce jointe.

Nous vous proposons aussi quelques informations en vrac, à commencer par une citation tirée des Rumeurs d'Hochelaga, de Jean Hamelin. Nous tenterons d'avoir à l'esprit cette carte imaginaire lors de notre déambulation.

Au plaisir de vous y voir en grand nombre!
 

« On se rend compte que le quartier, c’est un grand damier, d’une ennuyeuse régularité, avec ses croisements à angle droit, qui s’arrangent pour ne ménager aucune surprise; à intervalles égaux, on sait que l’on va trouver telle ou telle rue et c'est cela en soi qui est rassurant. Mais de si haut, il est facile de constater comme le quartier est resserré dans ses limites et s’y sent à son aise pourtant. Ce sont presque des limites naturelles, le fleuve au sud, la rue Sherbrooke au nord, où commencent des terrains vagues qui iront mourir au pied des usines du Pacifique Canadien, et il en est de même à l’est comme à l’ouest, car à l’est et à l’ouest ce sont des voies de chemin de fer qui font sur cette carte imaginaire un pointillé qu’on peut facilement lire car il élève une muraille entre ce qu’il enferme et ce qui est au-delà, c’est-à-dire cette partie environnante de la ville qui n’a rien à voir avec Hochelaga. À l’ouest effectivement, c’est tout à fait autre chose, c’est ce qu’on appelle le parc Frontenac, bien qu’on y chercherait en vain le moindre jardin délectable puisque c’est un quartier d’entrepôts, de salaisons, de wagons de marchandises et de wagons-citernes immobilisés sur des voies d’évitement, de réservoirs d’essence, quartier bourré de Polonais qu’on appelle péjorativement ‘‘Pollocks’’ et qui y ont depuis la guerre élu domicile. À l’ouest [sic], cependant, la ligne de démarcation est beaucoup moins prononcée, mais suffisante pour que l’on sache très bien quand on quitte Hochelaga et quand on pénètre dans Maisonneuve, le quartier voisin, il faut le reconnaître, un peu plus huppé qu’Hochelaga. La voie ferrée qui coupe à la diagonale l’angle de la rue Valois et de la rue Ontario est la plaque tournante de cette frontière, une sorte de très bref no man’s land au-delà duquel on semble respirer un autre air, où les gens ont une autre allure, de sorte que personne ne s’y trompe ou ne voudrait s’y tromper, cette voie ferrée d’ailleurs, une fois ce point frontalier établi, tire sa ligne vers le sud, puis juste au-dessus de la rue Lafontaine, elle oblique sur sa droite et file vers l’est [sic], parallèlement à cette rue et continue sa course jusqu’à la limite ouest du quartier, opérant au cœur même d’Hochelaga une surprenante coupure longitudinale qui rejette ses habitants de part et d’autre du pointillé qu’il trace sur notre carte imaginaire, mais cette percée est si peu prononcée, si vite franchie, qu’elle s’interdit de diviser le quartier en deux parts irréconciliables, il n’y a en fait que le haut et le bas d’Hochelaga et le quartier reste un, on est solidaire par-dessus les wagons-citernes, les wagons à bestiaux et les convois de marchandises qui sont les seuls à emprunter cette voie. Les grandes barrières qui à chaque rue perpendiculaire sont abaissées au passage des convois, toujours très lents à se mouvoir, se relèvent aussitôt après leur passage et n’offrent rien d’autre qu’une garantie de sécurité. On peut, malgré tout, observer certaines distinctions mineures dans la situation et le comportement des gens du haut et du bas d’Hochelaga, mais c’est plutôt l’affaire des sociologues, et on se bornera à constater qu’en règle générale les gens du bas alimentent la main-d’œuvre de la grande usine de textiles, sinistre bâtisse noire qui, sur la largeur de quatre rues, longue la rue Notre-Dame, alors que ceux d’en haut vont chercher leur gagne-pain bien mieux rémunéré aux usines du Pacifique Canadien situées au-delà des terrains vagues de la rue Sherbrooke, et où les conduisent journellement le languissant tramway de la rue Davidson.1 »

 

«Durant le dernier quart du XIXe siècle, deux nouveaux réseaux de chemins de fer cherchent à pénétrer dans Montréal pour y concurrencer le Grand Tronc, dont les voies occupent le sud et l’ouest de la ville, avec le pont Victoria et la gare Bonaventure. Le premier, le Chemin de fer Québec, Montréal, Ottawa et Occidental (acquis par le Canadien Pacifique en 1882), choisit un tracé qui contourne Montréal par le nord (Mile End) et passe par Hochelaga, avant d’arriver dans l’est de la ville. La voie ferrée croise la rue Ontario à l’est de la rue Frontenac. Un pont ferroviaire bâti au début des années 1890, facilite la circulation. Par ailleurs, le Canadien Pacifique construit des ateliers d’entretien et de fabrication dans Hochelaga, sur un terrain situé au sud de la rue, entre les rues du Havre et Moreau.

En 1900, un nouveau chemin de fer, le Canadien Nord (par la suite intégré au Canadien National), cherche lui aussi à pénétrer dans Montréal, déjà ceinturée par les deux autres grands réseaux. Sa ligne passant par les villes de Saint-Jérôme et de Joliette, l’entreprise choisit de construire un embranchement entre cette dernière et Hochelaga, par le Bout de l’île (1901-1903). La ligne est installée à peu près dans l’axe de la rue Ontario, qu’elle longe au nord jusqu’au boulevard Pie-IX. Elle oblique alors vers le sud, traverse la rue à la hauteur de la rue Valois et longe la rue Ontario, côté sud, pour aboutir à la gare de la rue Moreau (démolie en 1946). La voie crée un pôle industriel tout le long de son axe, tant dans Hochelaga que dans Maisonneuve. Cette ligne ferroviaire est désaffectée en deux temps : entre les rues Moreau et Joliette en 1980 et, entre les rues Joliette et Vimont, durant les années 1990. Par la suite, son tracé disparaît presque complètement.» (Tiré du site Web de la Ville de Montréal : http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=5677,96817578&_dad=portal&_schema=PORTAL).
 

«À l’origine, cette voie se rendait non seulement au port, mais traversait le quartier d’est en ouest pour aboutir à une gare de passagers, la gare Moreau, située sur la rue Ste-Catherine, entre les rues Moreau et Alphonse-D.-Roy (anciennement, rue Marlboro). Le quartier comptait donc deux gares, une pour chacune des compagnies de chemin de fer.» (Tiré du site de l’Atelier d’Histoire d’Hochelaga-Maisonneuve à cette adresse : http://www.atelier-d-histoire-hochelaga-maisonneuve.org/hm/serie_A/31.html).

  • 1. Jean Hamelin, Les rumeurs d’Hochelaga, Hurtubise HMH, Montréal, 1971, p. 80-82.